PREMIERE.FR
avec Pariscope
10/10/2010
ESCALES par Vadim Piankov et Vadim Sher
Ils se nomment tous deux Vadim. L'un, Vadim Piankov, est une espèce de Jacques Brel à l'âme slave, avec un beau visage d'ange maudit, chanteur, compositeur, guitariste à la voix chaude et déchirante. Le second, Vadim Sher, est un pianiste aux doigts d'or, arrangeur compositeur de Shirley et Dino, aussi subtil avec une mazurka de Chopin qu'avec une improvisation jazzy et délirante de son cru. Ces deux-là ont fait escale cet été à Avignon, aux Ateliers d'Amphoux, et continuent leur voyage cet automne au Théâtre de Suresnes dans le cadre de l'année France-Russie. Leur récital, intime, théâtral, nostalgique et drôle, est magnifique. Brel, Apollinaire, Brassens, Lermontov, Cocteau, Vissotski, Goethe ou Alexandre Blok sont 1 eurs compagnons de voyage : Piankov les interprète avec une passion et une émotion bouleversante, tantôt en français, tantôt en russe. Le piano et la guitare s'en mêlent, pour le plaisir total des poètes et des mélomanes. Retenez bien ces deux noms: ces deux Vadim n'ont pas fini de faire parler d'eux!
Hélène KUTTNER
Théâtre Jean Vilar - Suresnes : les 16 et 17 octobre
Photo : Joël Mathieu
Certains ont appris le français en usant leur fond de culotte sur un banc d’école ou d’université. L’envie de connaître notre langue chez d’autres est venue d’un besoin viscéral de la faire leur pour comprendre la force des mots transcendés par un chanteur écouté à la radio ou sur des disques. Les poètes se reconnaissent probablement entre eux et ce n’est pas un hasard si Vadim Piankov a fait ses débuts dans l’apprentissage de notre langue en l’entendant chantée par Jacques Brel. Celui-là même qui ironiquement évoquait dans les « Remparts de Varsovie » une madame qui « promène son accent russe avec aisance »…
Avec… la poésie qui respire de tout son être, Vadim Piankov fait vibrer des salles entières de son accent russe et de sa voix aux chaudes tonalités en interprétant, au milieu de ses propres compositions les symbolistes de son pays natal et quelques autres de la terre qui l’a accueilli. Un voyage hors du temps et sans frontière
Chansons et poèmes russes au Théâtre de Suresnes
par Jean Grapin
le 6 octobre 2010
D'Amsterdam à Vladivostok
Le festival d'Avignon a réuni un peu comme à la manière d'une taverne de port, Vadim Piankov à la voix profonde, grave, et le pianiste Vadim Sher (qui a composé la musique de Loin de Sunset Boulevard). C'est avec un immense plaisir que nous allons revivre cet instant délicieux sur la scène du Théâtre de Suresnes.
Leur tour de chant constitue un moment de ravissement intime, intense et halluciné, inoubliable car accompagné de Vadim Sher au piano, Vadim Piankov interprète Brel, Pouchkine, Apollinaire, Lenmontov, Vissotski, Brassens comme personne. Ou plutôt si comme la Volga dans la Baltique, comme une bouteille de Vodka en hiver, comme un amateur de Théâtre à Saint-Petersbourg, comme un voyageur de la taïga au printemps. Compagnons de la longue plaine européenne de la Flandre à la steppe russe, de tous les ports sous influence, ils sont devenus (et on le souhaite pour longtemps) complices.
N°181 / OCTOBRE - 2010
Vadim Piankov
Vadim Piankov partage sa poésie russe avec une élégance slave presque brute, un charisme habité. Accompagné par Vadim Scher au piano, il nous fait découvrir et retrouver Pouchkine, Okoudjava, Vissotski, Blok, ou ses propres compositions. Un cabaret voyageur dans les Russies d'un siècle mouvementé.
Vanessa Fara
« ESCALES » Off du Festival d'Avignon 2010
Vadim Piankov : la voix qui parle poète
Brel, Pouchkine, Apollinaire, Blok, Brassens ... en résidence aux Ateliers d'Amphoux, grâce à Vadim Piankov et Vadim Sher. Les deux artistes russes ont posé leur bagage poétique pour quelques jours à Avignon, avec « Escales », leur spectacle musical. Ces musiciens sont rares, surveillez-les.
Russe au regard vert mélancolique, Vadim Piankov est du genre poète fuyant, jamais où on l'attend. Insaisissable. TI est ici aujourd'hui, nul ne sait où demain. Né à Krasnodar, dans une bourgade provinciale soviétique, il apprend le théâtre puis monte à Moscou suivre des études de cinéma. Son destin bascule alors: il rencontre Brel. Le grand Jacques, sa fougue rebelle et son amour à vif, lui donnent le goût du français. Francophile sans un mot, il mime les poètes, pille les jolis mots de Vian, de Brassens, de Musset, de Nerval ou Verlaine, de Cocteau et Éluard ... et de Brel, évidemment.
Il passe en Belgique où sa notoriété s'établit, mais la France le méconnaît. Ses amarres lyriques y sont pourtant jetées puisqu'il y vit. Avec son ami pianiste-compositeur Vadim Sher, il façonne un univers traversé par une beauté sensible, dénuée de la moindre once de folklore. Vadim et Vadim, guitare et piano, Russie et France: couples bienheureux. Il n'est plus ni de russe, ni de français dans leur monde, car chacune des langues enrobe l'autre, verse dans j'autre, eau courante, onde lasse. La trame de cette étoffe poétique? Un rythme et un accent singuliers. Un timbre.
Si singulier ce rythme, si singuliers cet accent et ce timbre qu'ils identifient Vadim mieux que toute tentative biographique. Vadim Piankov fuit d'ailleurs toute caractérisation. Mais il est rattrapé par sa voix. Des badauds l'arrêtent dans la rue, pour l'avoir entendu quinze ans auparavant. D'autres le reconnaissent sans même voir son visage, parce qu'il chante derrière un rideau, dans un théâtre. Certains le traquent. Il fuit continûment.
Magique, mystérieux, rétif à tout didactisme, le spectacle musical des deux Vadim fait ressortir la beauté des « mains d'Elsa » chantée par Aragon, illumine le Plat Pays de Brel, avec ses « cathédrales pour uniques montagnes, et de noirs clochers comme mâts de cocagne. Où des diables en pierre décrochent les nuages, avec le fil des jours pour unique voyage ». Entonné par le rude Piankov, Brassens le magnifique émeut aux larmes dans sa Supplique pour être enterré sur la plage de Sète: « Déférence gardée envers Paul Valéry / Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris ,1 Le bon maître me le pardonne. 1 Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens, 1 Mon cimetière soit plus marin que le sien, 1 Et n'en déplaise aux autochtones. ».
Pas un moment qui pèse ou pose. Seuls une date, un auteur, une courte histoire, des touches impressionnistes balisent le voyage. Un jalon ou deux manquent peut-être? Qu'importe, l'on se perd avec plaisir dans les plus beaux vers de Mikhaël Lermontov, Vladimir Vissotski et Alexandre Blok, célèbres poètes russes, tant les compagnons de route Vadim Piankov et Vadim Sher sont sûrs. Sous le pont de leurs bras passent d'éternels émois, mains dans les mains, face à face, leur pont Mirabeau enjambe toutes les frontières, car Vadim Piankov ne parle ni russe ni français. Il parle la langue des sensibles et des tendres. Il parle poète.
Cédric Enjalbert
Auteur, compositeur, interprète: Vadim Piankov Pianiste, arrangeur, compositeur: Vadim Sher Lumière, régie: Samuel Zucca
Photographe: Joël Mathieu
Contact : Catherine Schlemmer 06 66 80 64 92 catherine-schlemmer@orange.fr
Les Ateliers d'Amphoux. 10-12, rue d'Amphoux. 84000 Avignon
Jean Grapin Chansons et poèmes d'Alexandre Pouchkine, Boulat Okoudjava, Vladimir Vissotski, Alexandre Blok, Jacques Brel, Vadim Piankov ...
Chant: Vadim Piankov
Piano: Vadim Sher
Au Théâtre de Suresnes le samedi 16 octobre à 18h30 et le dimanche 17 octobre à 15h Dans le cadr,e de «( Voyage en Russie»
Puis le 6 novembre à Chelles
Cette manifestation est organisée dans le cadre de l'année France-Russie 2010
Son accent russe, Vadim Piankov ne se contente pas de le promener. Il le ballade, plutôt. Avec deux « l », bien sûr… Sans chercher à en jouer, car il n’est pas de cette trempe de snobinards folkloriques qui s’acharnent à marquer leur différence linguistique, il le fait rouler sur les mots. Les mots de Brel, de Blok, de Vissotski, de Pouchkine, d’Aragon, d’Okudjava, ce « Brassens russe » ainsi qu’on nomme communément ce magnifique poète d’origine géorgienne. De la Russie au plat pays. Du Languedoc à l’Auvergne en passant par les impétueux torrents et cimes éternelles du Caucase. Mots russes. Mots français. Mots néerlandais, aussi. Sans frontière, sans barrière, Piankov emprunte d’autres voies.
Blok, Pouchkine, Aragon
Sous le charme ravageur de son regard profond et profondément romantique (mais romantique à la russe !), le public découvre un authentique artiste. Ce n’est pas un vain mot dans son pays où l’art fut si souvent la plus prégnante des dissidences. Il ne suffit parfois que d’un piano et d’une voix. Comme d’un fait exprès, ils sont deux Vadim à nous proposer ce duo. Sur scène, c’est presque de la gémellité, tant la complicité s’impose. Vadim Piankov et sa voix chaude, caverneuse, tantôt rageuse tantôt mélancolique qui va chercher au plus profond la quintessence des vers des deux Alexandre (Blok et Pouchkine), du grand Jacques et des autres. Vadim Sher, lui, silencieux mais à la virtuosité pianistique impressionnante, rompt son mutisme pour un duo qui reflète admirablement le romantisme teinté de virilité du peuple caucasien avec la sublime “Chanson géorgienne” d’Okudjava.
Loin de tout folklore, leur spectacle s’appelle « Escales ». Comme un point d’amarrage le temps d’un concert. On ne retient pas les poètes. Il faut profiter de leur présence tant qu’ils sont là. Le temps suspend son vol une heure et demi durant. Un café russe embrumé d’alcools, un célèbre port de la mer du Nord, un aéroport où se déchirent les amants, un célèbre pont parisien : autant de lieux que ces poètes chanteront, parvenant à faire oublier les originaux sans pour autant les parjurer, en s’en appropriant toute la puissance évocatrice, mélodique, prosodique, mêlant, entremêlant même, les langues qui n’en font finalement plus qu’une : la leur.