RADIO LIBERTAIRE 

 De rimes et de notes   

Emission de Marlène Bouvier 

Entretien avec Laurent Gharibian 

Archives vidéo 

Photo : Viatcheslav Vassiliev 

Auteur-compositeur-interprète 

 
 

Sa première scène fut la vie elle-même. Il y a vu passer différents régimes politiques. L’époque Brejnev, pleine d’absurdités et sans surprises, dans une ville provinciale soviétique, Krasnodar. Celle de Gorbatchev qui a fait exploser le pays, l’histoire, le train de vie de millions de gens, et leurs mentalités, enfin. 

 
 

Vadim Piankov entame des études théâtrales dans la ville de Saratov, tandis que la plupart des jeunes de sa génération rêvent d'un avenir de businessman ou de gangster. Et il y a eu ses premiers rôles sur de vraies scènes. 

 
 

Mais Vadim ne s’arrête pas là et part à la conquête de la capitale pour rentrer dans la meilleure école de cinéma en Russie, le VGIK. Et c’est durant cette période qu’il fait la rencontre qui bouleversera plus tard sa vie. Il découvre Jacques Brel qui lui ouvre un nouveau monde poétique – rebelle, sarcastique, plein d’amour et de compassion, de haine et de protestation. 

 
 

C’est grâce à ces chansons que Vadim devient francophone et francophile. Il fait ses premières traductions de Brel et les chante devant des spectateurs intrigués sur le Vieil Arbat, la rue moscovite devenue pendant « la perestroïka » un lieu d’expression artistique libéré de la censure. La chanson lui permet de poursuivre ses études, d’approfondir son talent d’interprète, de rencontrer de nouveaux publics. 

Vadim PIANKOV 

"La vague passe d'une langue dans l'autre avec la langueur d'un ressac. La voix de velours passe d'un ton dans l'autre, embouche les deux flûtes, Brel ou Apollinaire, et, sans qu'on s'en aperçoive, voici qu'on a franchi la frontière linguistique. Blok et Lermontov, les deux poètes les plus chantants de la lyre russe, s'élèvent dans une tonalité française. Tour de force, humble magie, c'est tout Vadim Piankov, non qu'il ait deux faces, ou deux âmes, rien de double en lui, une solide douceur d'un bloc, mais son Pont Mirabeau sent couler la tendresse du russe, sa diatribe lermontovienne entend l'appel de la diane française.  Les deux langues lancent les mêmes embruns, et, mystérieusement, l'instant éternel d'un poème, n'en font plus qu'une." 

 
 

Georges Nivat, historien de la culture russe, essayiste 

 

Vient alors une autre époque, celle d’Eltsine, celle de l’ouverture, ou plutôt des ouvertures, pour ceux qui osaient. Et Vadim part à la découverte du pays brumeux de Jaques Brel, débarque dans les cafés chantants de Bruxelles, aborde les scènes des théâtres belges. En interprétant ce rebelle du « plat pays » en langue des steppes, il marie dans son âme, profondément slave, deux héritages culturels, passionnels et poétiques, russophone et francophone. 

Il ne pouvait passer inaperçu. En 1999, la chaîne de télévision belge RTBF le choisit comme interprète de la chanson de Brel, « Ne me quitte pas », dans l’émission « Chanson du siècle ». 

 

Le répertoire de Vadim Piankov s’enrichit, il enregistre des disques, avec ses textes et ceux de ses compagnons de route, Musset, Aragon, Nerval, Verlaine, Cocteau, Eluard, Apollinaire, Brassens et Barbara, Vissotsky et Okoudjava... 

Cet artiste sans frontière s’installe en France, croise la route d'Allain Leprest qui l'invite au Festival de Ménilmontant, rencontre le pianiste Vadim Sher avec lequel il crée ESCALES au Festival d'Avignon Off 2010 et pousuit sa route... 

 

MOSCOU - BRUXELLES - PARIS... 

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Radio Paradiso  

Emission de Gérard Suter