A propos de son cinéma Barnet écrivit : 

« Je ne suis pas, je n’ai jamais été un homme des théories. J’aime avant tout la comédie, je me plais à introduire des scènes drôles dans un drame et des épisodes dramatiques dans un film comique. » 

Boris Barnet tourna durant sa vie plus d’une vingtaine de films parmi lesquels quelques véritables chefs-d’œuvre de cinéma mondial.  

Il s’est suicidé à Riga le 8 janvier 1965. 

LA MUSIQUE 

  

La rythmique, l’esthétique et l’ambiance du cinéma muet représentent souvent une matière riche et passionnante pour les musiciens. Nous avons eu un véritable coup de cœur pour ce film et nous avons été saisis par l’envie de le partager avec le public.  Notre conception de l’accompagnement d’un film muet ne le réduit pas à un simple soutien musical de ce qui se passe à l’écran, et nous proposons aujourd’hui à « La Maison de la rue Troubnaïa » la création d’une véritable bande originale où la musique chorégraphie l’image et en ouvre le sens. 

Il est évident qu’en 2008 nous ne regardons pas un film de 1928 de la même façon qu’à l’époque de sa création et il y aurait peu d’intérêt à tenter de reproduire ce qui aurait pu être la musique de ce film il y a 80 ans.  

LE FILM                             

  

Paracha, jeune paysanne, arrive à Moscou, dans un immeuble de la rue Troubnaïa. Dans l’escalier se croisent ouvri.ers, employés et nepmen. Elle est embauchée par le coiffeur Golikov qui l’exploite sans relâche. L’adhésion de Parania au syndicat change la donne et sème la panique dans tout l’immeuble…  

Barnet a fait de cette commande de propagande une véritable comédie burlesque... 

Il est aussi difficile de s’en rendre compte aujourd’hui qu’il l’était à la sortie du film en 1928. A l’époque le film du réalisateur Boris Barnet, encore jeune, a été considéré comme peu réussi. 

Aujourd’hui « La Maison de la rue Troubnaïa » est reconnu comme l’un des chefs d’œuvre du maître. Huit dizaines d’années passées le film n’a rien perdu de son charme, de sa légèreté et de son humour 

BORIS BARNET  

réalisateur, scénariste et acteur 

  

Selon Jean-Luc Godard, Boris Barnet est le plus grand cinéaste russe. Il est né à Moscou le 18 juin 1902. Son père était un soldat anglais établi en Russie pendant les guerres napoléoniennes. Il quitte l’Ecole des Beaux Arts en 1919 pour s’engager, à 17 ans, dans l’Armée Rouge. Démobilisé en 1921, il devient boxeur professionnel et fut même engagé par Lev Koulechov, alors directeur de ce qui allait devenir, en 1922, le VGIK (Institut National de Cinéma), pour donner des leçons de boxe à ses élèves comédiens et à y faire des études de cinéma. 

Dès ses premiers films, Barnet fait preuve d’un humour d’une grande finesse,  maniant brillamment le burlesque, influencé certainement par Buster Keaton, agrémentant ses personnages de caractères dignes de ceux de Gogol. Les éléments de cirque russe (équilibrisme, jonglage) occupent une place importante dans son cinéma, et les moments véritablement poétiques en font le contre-chant. Le montage virtuose de l’image donne souvent des sensations vertigineuses. C’est du cinéma muet qui respire et qui oblige le spectateur à respirer dans son rythme. 

de Boris Barnet - (URSS, 1928 – 64 mn) 

tout public à partir de 12 ans 

  

musique originale de Vadim Sher et de Dimitri Artemenko 

  

Dimitri Artemenko (violons) 

Vadim Sher (piano, orgue Farfisa) 

  

À PROPOS DES CINÉ-CONCERTS  

 

La conception de l’accompagnement de films muets de Vadim Sher, Dimitri Artemenko et Marie Gremillard ne se limite pas à un soutien musical de l’image. C’est une composition musicale recherchée qui guette tout changement rythmique, tente de s’intégrer à l’ambiance de chaque scène et veille à souligner certains détails pour rendre la lecture du film accessible à tout public. Dans le cas des films de Barnet, la création musicale est fondée sur les mélodies et leitmotivs inspirées par la musique russe savante et populaire de la première moitié du XXème siècle. Une importance particulière est également donnée à la performance instrumentale qui justifie l’appellation de ce genre de spectacle : le ciné-concert. 

  

 

LA MAISON DE LA RUE TROUBNAÏA 

 

Néanmoins, pouvons-nous ignorer la polychromie du paysage musical de la Russie d’après la Révolution ?  Le romantisme n’est pas encore oublié ; la romance classique reste populaire ; les couplets du style des Boulevards sont largement appréciés chez les « nepman » ;  la chanson « odessite », qui puise ses origines dans le folklore yiddish, anime les soirées de certains cercles des grandes villes ;  les airs folkloriques authentiques affluent dans les villes avec l’exode rural, vierges des influences de la mode ; les marches optimistes des soviets envahissent les rues ; le chant révolutionnaire essaie de couvrir le bruit des usines ; et tout cela se reflète de façon surprenante dans la musique avant-gardiste de compositeurs-maîtres comme Stravinski, Prokofiev, Liatochinski ou Tchérepnine joués dans les salles de concert. 

Nous nous inspirerons de la richesse de cette ambiance musicale pour accompagner le chef-d’œuvre de Boris Barnet. Notre musique donne « à entendre » cette époque mais détourne régulièrement le spectateur-auditeur vers des sonorités des plus contemporaines.  

  

De plus, la présence de l’esprit circassien, très important dans l’œuvre de Barnet, trouvera nécessairement son reflet dans la musique. 

  

L’écriture musicale est destinée à deux instruments principaux – le violon et le piano. Un violon électrique, un orgue Farfisa et quelques accessoires musicaux sont eux aussi intégrés dans la partition originale.